Comprendre l'unilatéralisme dans les relations diplomatiques contemporaines
En août 2021, les États-Unis ont retiré leurs forces militaires d’Afghanistan sans réelle concertation avec leurs alliés. Cet épisode montre une forme de retour à l’unilatéralisme qui avait marqué la présidence Trump. Bien que les États-Unis aient maintenu leur participation aux accords de Paris sur le climat, un temps menacé par Trump, le président Biden conserve une position encore empreinte d’unilatéralisme.
L’unilatéralisme peut se définir comme l’une des expressions les plus visibles de l’État souverain. Dans ce cadre l’ « État unilatéral » est présenté comme définissant une série de priorités, sans concertation ou dans le cadre d’un dialogue très limité avec les autres États, et se donnant les moyens y compris le recours à la force armée (qu’elle soit affichée ou réellement exercée) de servir ses fins. L’unilatéralisme peut ne pas être toujours solitaire, et être mené par plusieurs alliés comme le montre la constitution en septembre 2021 d’une alliance renforcée entre les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie (l’AUKUS) dont l’un des résultats fut la dénonciation d’un contrat de fourniture avec la France.
Cependant, le procès de l’unilatéralisme semble montrer ses limites, pour au moins trois raisons. D’abord l’ « unilatéralisme pur » ne peut se concevoir dans une société globalisée et même des États comme la Corée du nord ont des relations diplomatiques. Ensuite, l’unilatéralisme n’est pas une posture intangible et est plus ou moins marqué en fonction des époques et des domaines : il peut être strict dans le domaine militaire et concomitamment plus souple dans le domaine commercial. Enfin l’unilatéralisme est souvent attaqué pour des raisons morales alors que le multilatéralisme se révèle souvent peu soucieux de la souveraineté des Etats voire impuissant à canaliser les tensions voire la guerre : les années trente, marquées par un fort recul de l’unilatéralisme et le développement de la coopération entre les États, ne purent empêcher les atrocités qui déchirèrent l’Europe.
Traiter de l’unilatéralisme c’est constater d’abord son indéniable recul pendant un siècle et la dimension longtemps positive du multilatéralisme pour la pacification des relations entre les États (I). Le multilatéralisme a montré cependant de nombreuses limites qui autorisent à justifier, de manière apaisée, la pertinence d’un unilatéralisme plus ou moins solitaire dans les relations internationales (II)